Transmises de bouche à oreille, au fil de la voix, au son d’une mélodie ou d’un rythme, les comptines nous parviennent de l’ancestrale tradition orale et se perpétuent de génération en génération depuis un héritage commun et combien lointain.
Elles font intégralement parties de notre patrimoine culturel et de sa magie, et s’ancrent l’air de rien dans nos mémoires telles des litanies.
Nous retrouvons souvent aujourd’hui les paroles d’une comptine au son de sa mélodie sans la plupart du temps se souvenir l’avoir un jour apprise, elles renaissent en nous de manière naturelle. Quel bonheur que ces chants enfantins mimés, quel bonheur que ces petits trésors nous soient parvenus pour nous permettre de nous ré-ouvrir à nos cœurs et à sa magie.
Certains diront qu’elles content « des paroles parfois bien absurdes », mais c’est oublier que les comptines pourraient bien nous raconter une toute autre histoire pas si enfantine que cela.
Des mots étranges, joyeux, un brin de fantaisie, beaucoup de drôleries. Parfois sans aucun sens mais peu importe, je suis avant tout plaisir et harmonie.
Au cours du temps, je me suis transformée quelquefois mots par mots, parfois phrases par phrases mais la tradition orale n’a jamais failli à son rôle. Elle m’a transmise par le meilleur moyen et support qui soient : la langue enfantine.
L’enfant, par son besoin d’ordre et de stabilité s’est tourné vers moi pour d’abord se faire plaisir, puis s’épanouir et enfin grandir. Un jour avec ses ailes emplies de liberté, il s’est envolé, m’a d’abord oublié, puis s’est rappelé! Il m’a permis de me réveiller à nouveau pour m’élever vers ces cieux si hauts. Seul lui pouvait me dénicher. En se tournant vers son passé, il s’est souvenu du cercle qu’il formait, avec ses petits camarades avant l’" assemblée ", le silence respecté par tous les " officiants " avant de commencer, ce suspens intenable en attendant l’arrêt de la parole « comptée » et surtout le respect de la régularité : " comptine trichée, comptine recommencée " ! Nous nous sommes construit à deux avec les fondations les plus solides qui soient. Alors en souvenir de ces moments magiques où symbolismes et rituels se mêlaient parfois. Je voudrais encore réciter avec vous : Une souris verte qui courait dans l’herbe…
Parlons de culture, une culture partagée et partageable par tous, bref proche de l’universalité. Pour parler de cela, il faut s’ancrer dans l’histoire et parler de l’origine de ce qui était conté : les comptines. A mon sens, l’"antiquité " ces petites perles de notre enfance n’est plus à vérifier, leur vocabulaire et leur syntaxe le certifient. Certains ont avancé le II ème siècle de notre ère. Mais leurs origines restent floues. Certaines contiendraient des traces de mythes païens recouverts par les pensées du christianisme. Ce pourrait être des formules magiques créées autrefois par les adultes et ensuite adoptées par les enfants lorsque leur essence mœlle visible s’est perdue. D’autres, ont été comparées aux formulettes grecques d’exorcisme et aux graffiti pompéiens auxquelles elles ressemblent fort par leurs structures. Les comptines numériques anglaises ne seraient pour certains folkloristes anglais qu’un moyen de dénombrer les troupeaux. Toutefois, qu’elles remontent à la nuit des temps ou qu’elles soient plus récentes, il est bien difficile de connaître leur genèse. Il est plus aisé de les situer dans le temps et dans l’espace lorsqu’elles font appel à des allusions historiques, géographiques ou sont signées.
Ce qui est certain c’est qu’elles constituent un trésor patrimonial et qu’elles permettent d’entrer dans une démarche personnelle d’échange. Donc une belle possibilité de s’ouvrir sur les autres et le monde.
2 commentaires:
J'apprécie cette approche qui me paraît pleine de bon sens quand on essaye de percevoir au-delà de la poussière profane ...
Ces comptines remontent au patrimoine commun multimillénaire de l'humanité.
La maison dont je fais le tour, est aussi le Monde Vivant, et comprendre ce qu'ont en commun la souris verte et l'escargot en lequel elle se transforme, c'est remonter à la source.
Chacune est comme un petit koan.
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