Asseyez-vous confortablement.
Posez les mains sur vos genoux; fermez les yeux.
Imaginez-vous maintenant le jour de votre mort.
Visualisez l'instant où vous rendez votre dernier souffle.
Il ne s'agit pas ici de faire le "calimero", de pleurer sur vous-même, sur ce que vous avez accompli ou raté, sur ce que vous laissez sur cette terre, sur les proches qui auront du chagrin ou même, de ceux qui se réjouiront de votre disparition...il s'agit de vous.
Ça y est, vous êtes mort, décédé, vous êtes passé de l'autre côté, et pourtant le monde continue de tourner...votre corps physique se décompose : visualisez-le, ce véhicule qui vous a accompagné durant toutes ces années. Regardez-le, ce corps qui vous a renvoyé cette image dans le miroir pendant tout ce temps; cette image de vous-même qui vous rendait insatisfait, mécontent, envieux...rarement en paix.
Brusquement, tout ceci n'a plus d'importance. Comme le reste d'ailleurs...les soucis, les tracas, la tension permanente en arrière-plan, le stress, la douleur, les petites et grandes contrariétés de votre vie terrestre et toutes ces histoires qui faisaient votre personnalité : tout ceci n'existe plus.
Visualisez l'énergie quitter cette enveloppe désormais vide, et en décomposition. Visualisez votre corps en train de pourrir, la peau qui se racornit, les os qui apparaissent en dessous, la poussière dont vous êtes fait au final...
Y-a-t-il de la peur?
Ressentez-vous de la terreur?
Êtes-vous anéanti?
Tombez-vous dans l'oubli?
Celui qui gît sur son lit de mort, alors qu'il sait que le moment fatidique approche, peut-être.
En ce qui vous concerne, c'est déjà loin : ce corps ne ressent plus rien, il a vécu, il est désormais inutile.
On dirait plutôt qu'un énorme poids vient de vous être retiré des épaules; d'ailleurs, vous commencez à vous élever. Vous traversez ce qui fut autrefois une barrière infranchissable. La matière n'est plus un obstacle et, au loin, cette Lumière immense qui vous attire irrésistiblement, et qui s'approche à toute vitesse, silencieusement : vous ne pouvez en détourner votre attention, elle vous attire comme un aimant.
Qu'ils sont loin désormais, tous vos "problèmes" ! Ne vous apparaissent-ils pas futiles, à la lumière de ce qui vous arrive maintenant? Vous venez de jeter au loin ces chaînes que vous vous étiez forgées durant toutes ces années et qui faisaient de vous un esclave.
Vous ne ressentez pas simplement la plus grande liberté qu'il vous ait été possible d'éprouver, car vous êtes désormais cette liberté. Aucun mot, aucune analogie, et de loin, ne peuvent décrire l'état de paix, de bien-être, de joie qui vous habitent à cet instant. Vous réalisez que vous êtes cette joie : vous l'avez toujours été, et vous retournez vers elle avec légèreté et insouciance, après une brève expérimentation de la forme.
Vous êtes ce petit papillon qui va de fleur en fleur sans penser à demain. Vous êtes cet épi de blé qui penche au gré de la brise dans le soleil d'été. Vous êtes ce cours d'eau qui serpente dans les collines avant de se jeter dans cet immense lac aux eaux limpides et profondes.
Nul jugement de valeur, point de regret sur ce que vous avez vécu en tant qu'être humain incarné, sur ce petit bout de rocher perdu dans l'immensité et qu'autrefois vous nommiez "terre" : c'était nécessaire, cela faisait partie des choses à vivre, de l'expérience, de votre ici et maintenant.
Vous êtes arrivé à destination on dirait : la Lumière est face à vous, elle irradie sur tout votre être et à cet instant précis vous réalisez qu'il n'y a jamais eu d'autre chose que l'ici et maintenant.
Le passé, le futur, le temps même n'existent pas. N'existe qu'une seule chose : autrefois, vous l'auriez appelé "Amour" mais comment décrire avec un simple mot, forcément limité, ce qui dépasse l'entendement ?
Vous êtes cette goutte d'eau qui retourne à son lac. Et nul doute que le lac a besoin de chacune de ses gouttes, car sans elles, il ne serait pas.
Vous ouvrez les yeux. Retour sur terre.
Chaque chose est à sa place.
Par la fenêtre, un oiseau chante. La nature fleurit.
C'est une belle journée qui s'annonce.
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