lundi 15 décembre 2008

Porter sa Croix




Notre culture judéo chrétienne est empreinte de cette expression, notre vie aussi, mais tentons de revenir aux sources, aux origines les plus justes dont elle est issue.

" porter sa croix "fait référence à la crucifixion de Jésus, celle-ci nous est rapportée principalement par les Évangiles, au nombre de quatre, ils se déclinent en évangiles synoptiques pour trois d'entres eux : Marc, Matthieu et Luc et Jean pour le dernier.

Les Évangiles synoptiques racontent l'histoire de Jésus d'un point de vue "sensiblement "proche. L'Evangile de Jean est différent, s'il rapporte aussi certaines actions et paroles de Jésus, il s'en distingue par son charisme et son " emphase spiritualisante ".

Jésus est condamné à la crucifixion, il doit être exécuté au mont du GOLGOTHA, qui signifie en hébreu (et/ou araméen): "le lieu du crâne".
Cet épisode de la fin de la vie de Jésus est raconté différemment par les évangiles synoptiques et l'évangile de Jean.

L'évangile de Marc, deuxième par sa place des quatre évangiles, probablement le plus ancien, précise: " Ils réquisitionnent, pour porter la croix, un passant, Simon de CYRENE, le père d'Alexandre et de Rufus, qui revenait des champs... ".
L'évangile de Jean relate: " Jésus fut obligé de porter sa propre croix ".
Jean veut illustrer la parole du Christ: " si quelqu'un veut être mon disciple, qu'il porte sa croix lui-même et qu'il me suive".
Si Jésus n'a pas porté sa croix, cette parole du Christ n'a plus de sens, Jésus demanderait à ses disciples, une action que lui-même n'aurait pas eu la force et le courage de faire!
Même si l'Eglise n'est pas à une contradiction près, une interprétation plus juste peut être avancée.
L'evangile de Jean est le plus important en matière de Christologie, il énonce la divinité de Jésus, il a donc un rôle de transmission dans un registre différent des évangiles synoptiques.
Bien qu'il serait inexact de l'appeler gnostique, l'évangile de Jean contient bien quelques éléments laissant à penser à une influence ou des croisements possibles avec le gnosticisme.
Il est presque certain que les gnostiques ont lu l'évangile de Jean, puisqu'on en retrouve des passages dans leurs textes. Le principe du gnosticisme est que le salut vient de la gnose, un savoir secret. Pendant la quasi-totalité des cinq chapitres du dernier discours du Christ aux disciples (Jean 13, 18), Jésus ne parle qu'aux douze apôtres.
Jésus existait avant sa naissance charnelle, il est désigné dans le prologue (Jean, 1) comme " le verbe "(logos). Tout cela pourrait se rapprocher de la définition gnostique de l'aeon (une émanation de Dieu) envoyé depuis le plérôme (région de la lumière) qui vient donner aux humains le savoir nécessaire pour joindre eux-mêmes le plérôme. Le mépris johannique de la chair opposée à l'esprit est aussi un thème fort du gnosticisme.

Au delà de nos soucis matériels, de notre vie imprégnée de notre éducation, gardons notre vigilance, méfions nous des évidences, nous avons la liberté de construire nos vies, libres de tous sacrifices et de toute croix à porter!

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je lis souvent vos commentaires avec plaisir, mais il me semble que votre "foi" en Saint-Jean et tout ce qu'il peut représenter par ailleurs vous fait perdre de vue le côté "humain" de Simon de Cyrène.

Il est l'archétype de l'homme avec qui Dieu "partage". C'est dans l'existence d'un Simon de Cyrène que se traduit l'humanisme de Dieu et la divinité de l'Homme.
C'est à l'instant même où la croix passe de Jésus à Simon que se re-synchronise le Créateur et sa créature "juste" pour ne faire plus qu'Un.

A moins que ce "Simon" là, à la peau noircie, ne soit bien moins humain et bien plus divin que cela !
N'oublions pas que la "reine" de Cyrène était peut-être encore (la date de sa mort est loin d'être certaine) la dernière Ptolémée Cleopâtre VIII (Selene II) épouse de Jubas II... fille de la Grande Cléopâtre qui se disait aussi "reine de Judée"...