lundi 20 octobre 2008

La lumière dans l'Abbaye Romane



Élément fondamental de l'architecture romane, la lumière est d'abord le premier élément de la Création, selon la Genèse:
« les ténèbres recouvraient l'abîme...Dieu dit: que la lumière soit! Et la lumière fut...Premier Jour ».

La lumière synonyme de vie, est un don divin.
L'homme naît, vit, s'épanouit dans la lumière; il en est baigné.

Pour le moine bâtisseur du XIIe siècle, il s'agit à travers l'abbaye, de reproduire symboliquement l'acte créateur: accueillir la lumière ne suffit pas, il faut la capter, l'orienter et la distribuer dans l'édifice qui sera conçu comme un symbole de la Création.
Dans toute église romane, comme dans la vie terrestre, on ne pourra pas isoler la lumière de l'ombre, on ne pourra pas ignorer les « jeux » qu'ensemble elles entretiennent.
La lumière naît de l'ombre et l'ombre ne cesse d'accompagner la lumière.

Au commencement, « Dieu sépara la lumière des ténèbres », non pas pour les faire disparaître, mais pour qu'elles deviennent servantes de la lumière, pour qu'elles la mettent en valeur.
Car, que serait la lumière sans l'ombre? Comment apprécier le miracle de la lumière si elle ne sortait victorieuse de ces ténèbres?

Le premier acte du moine bâtisseur, c'est donc d'orienter l'église vers « le levant du lieu ».
C'est le soleil levant, celui qui triomphe chaque matin des ténèbres de la nuit qui va s' exprimer dans l'église, et comme l'arche de salut, elle va ainsi permettre de véhiculer les hommes vers la terre de Dieu.
La lumière s'incarne dans le soleil, il n'est pas Dieu, mais c'est la chaleur, la lumière, c'est le feu, le feu divin. Il peut en devenir l'image, car il éclaire et donne la vie.
C'est pourquoi, à l'époque romane, la « proue » de l' Église est orientée vers la lumière naissante.
Lorsque les moines et les fidèles entrent dans l'abbaye, la lumière qui entre va les aider, les accompagner à faire ce pas, vers le passage intime de leurs ombres intérieures à la lumière de Dieu, de leurs sentiments crépusculaires à l'espérance d'une aurore éternelle, de leur marche vers la mort inéluctable de leur corps vers la naissance de leur âme dans le Royaume de Dieu.
Ils entrent par la porte au couchant, et tout leur être se trouve entraîné vers le sanctuaire, au levant.
Grâce au porche sombre de l'abbatiale, ils ont quitté la lumière trompeuse, illusoire de ce monde terrestre, profane, pour s'avancer vers la Jérusalem nouvelle, la Ville où Dieu est tout en tous, vers la vraie lumière qui baigne le sanctuaire où l'on célèbre le sacrement du Christ, Lumière éternelle de Paques.
Tout le long de la nef, ils voient devant eux s'ouvrir un chemin de lumière, une invitation à suivre et poursuivre sa route vers le sanctuaire.
L'homme spirituel est ainsi conduit par la lumière du soleil jusqu'à son propre « soleil intérieur », qui éclaire et féconde son âme et qui transfigure l'univers dans son regard.
Le symbolisme de la Lumière fait son travail dans le coeur de l'être spirituel, le rendant perméable à la lumière intérieure qui à son tour l'illumine en faisant de lui un dispensateur de lumière dans ce monde...
« vous êtes la lumière du monde... » (Évangile de Matthieu)

En franc-maçonnerie, le symbole de la lumière est fort, comme dans les abbayes nous sortons des ténèbres pour aller toujours plus près de cette lumière qui éclaire, réchauffe, nous pénètre, pour qu'à notre tour nous puissions la transmettre, en essayant toujours d'aller vers une lumière plus pure, plus éclairante.

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