Le livre au Moyen Age, et plus précisément chez les moines Cisterciens, tient un rôle essentiel. Bien qu'oral leur enseignement s'appuie sur une solide connaissance de l'Ancien Testament qui sera acquise à travers les livres.
Il transmet les Saintes Ecritures et les commentaires des Pères de l'Eglise, organise la vie et les prières de la communauté.
C'est donc très logiquement qu'une des principales activités des monastères médiévaux consiste à créer des livres en se procurant des textes fiables, les copiant, et en les corrigeant dans le but de nourrir la spiritualité du moine.
Chaque moine reçoit le dimanche des Rameaux, un livre qu'il utilisera pendant toute l'année liturgique suivante.
Ceux-ci sont conservés dans de simples armoires, les « armaria », initialement situées entre l'Eglise et le cloître.
Symboliquement, le livre incarne l'autorité religieuse.
Au 12e siècle, les lettres décorées et lettrines qui marquent les débuts des textes ou des chapitres servent surtout à marquer les articulations du texte, à une époque où la ponctuation se limite souvent au seul point et où la lecture se confond avec la récitation.
Les lecteurs psalmodient à mi-voix.
La lecture à haute voix est de rigueur dans la salle capitulaire, où les moines se réunissent chaque matin pour la lecture d'un chapitre de la Règle.
Les livres sont des biens rares et précieux: ils coûtent chers, plusieurs inventaires des abbayes cisterciennes les décrivent parmi les trésors.
L'usage de l'époque, n'est pas de conserver les livres debout, mais couchés sur ce qui nous sert aujourd'hui de couverture, protégés contre le monde extérieur.
On ignore le papier, c'est sur des tablettes de cire qu'on prend des notes, puis on écrit définitivement sur du parchemin, obtenu à partir de peaux d'animaux.
Le parchemin est découpé pour obtenir un rectangle dont la régularité varie en fonction de la taille de l'animal. La taille du manuscrit dépend de son contenu; à l'époque romane les bibles et la plupart des ouvrages liturgiques destinés à la lecture dans le choeur de l'Eglise sont généralement de grand format, ceux pour la lecture individuelle sont plus petits.
Le texte est écrit à l'encre noire ou brune. Encres et couleurs des enluminures sont fabriqués selon plusieurs procédés dont certains sont parvenus jusqu'à nous.
Contemporain de la fondation de Citeaux, le traité « DE DIVERSIBUS ARTIS » composé par le moine allemand Théophile est la source la plus célèbre.
Des matières animales, végétales, minérales sont travaillées selon des recettes mi-chimiques, mi-culinaires. Peaux, cornes, os, bille, urine, sang, fleurs, terres, plomb, mais aussi des pierres semi-précieuses, la malachite, l'azurite, le lapis-lazulli constituent les ingrédients, les dents de sanglier, poils d'écureuil, plumes d'oie deviennent des outils.
Les textes sont recopiés par des moines spécialisés munis d'une plume, d'un encrier constitué par une corne de bovidé et d'un grattoir qui remplit la fonction de gomme. Ils sont regroupés dans le « scriptorium ».
Les enluminures ne sont généralement pas réalisées par les moines copistes, il n'est même pas sûr que ces enlumineurs étaient des moines, certainement des laïcs.
Le livre au Moyen Age est « vivant », il n'est jamais considéré comme achevé, les textes sont repris, complétés, des compléments peuvent être rajoutés...
Comme toute construction architecturale, le livre du Moyen -Age, dans la multiplicité de ses « acteurs », des matériaux, des outils, est véritablement le résultat d'une Oeuvre collective, dans lequel chacun va pouvoir apporter son savoir-faire, sa touche personnelle.
Jamais figé, toujours en mouvement, il témoigne le fruit d'un travail, garant d'un message, qu'il transmet à d'autres.
En franc-maçonnerie, notre but est de nous réaliser en tant qu' individu, de trouver notre place au sein d'une oeuvre collective, qui pourra alors être transmise à d'autres, et cela d'une certaine façon, comme pouvait faire le livre au Moyen-Age.
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