lundi 3 mars 2008

Tailleur de Pierre: Un métier, Une Passion de la Matière



Le tailleur de pierre, d’un point de vue symbolique, fait parti des travailleurs dont la fonction essentielle est de transformer la matière. Son esprit est amené à concevoir des projets. Il utilise la géométrie pour traduire en langage commun ce qu’il a imaginé.
La règle et le compas sont le prolongement de son esprit. Après avoir approfondis son projet, c'est-à-dire après avoir adapté son idée aux contraintes physiques, il organise le déroulement de la taille.
L’équerre intervient afin d’équarrir la matière brute que le tailleur de pierre aura pris soin de sonder auparavant à l’aide d’une massette pour s’assurer que le bloc est sain. La matière subit une première transformation géométrique, c'est-à-dire à l’image de notre esprit humain. Elle passe de l’état d’un patatoïde à celui d’un " bloc capable " de recevoir la forme désirée.
Cette étape est nécessaire pour tracer sur la pierre les profils de moulures ainsi que les tracés de référence qui vont orienter et guider l’ouvrier tout au long de la taille. Il opère par épannelages ; il retire la matière en trop afin de se rapprocher au maximum de la forme finale.
Il est essentiel que les épannelages soient droits et le tailleur de pierre se doit de vérifier sans arrêt la régularité de son travail en y posant la règle.
La phase finale est la pose qui s’accomplit à l’aide d’un niveau et d’un fil à plomb.
La colle, chaux ou autre, servent moins à coller qu’à répartir les forces dans l’édifice.
C’est un très beau métier mais il ne faut pas l’idéaliser.
L’utilisation incessante de disqueuses, la poussière, le bruit et le poids des éléments en font une activité très dangereuse. La pénibilité du travail et le niveau de précision qu’il demande se noient dans une normalité qui en fait une activité très mal payée, bien qu’elle produise des objets de luxe.

Malgré cela, je me considère comme un enfant gâté, tant mon métier me rapproche de l’essentiel. Quelle joie d’accoucher d’un morceau d’architecture qui s’assemble parfaitement au travail des autres tailleurs de pierre de la boite. Quelle satisfaction et quel soulagement de se rendre compte que pendant le temps de la taille nous avons flirté avec le véridique et que nous avons assouvi le désir primordial de faire du beau.
Celui qui pense que le tailleur de pierre est frustré de se séparer de son œuvre se trompe. L’important c’est l’expérience et le savoir faire que nous gagnons après avoir surmonté une difficulté. Ce que nous avons taillé, nous pourrons le refaire, et qui plus est, en mieux.

Nous avons obtenus plus que l’objet lui-même, nous avons retrouvé les « méthodes perdues » nécessaires à l’accomplissement d’une idée qui, si le projet est original, n’avait jamais été manifesté auparavant. Quelle sensation vertigineuse !

Tailler la pierre, c’est faire face à l’inconnu ; c’est faire un travail délicat avec des outils très puissants. C’est un rapport de force entre mon ignorance et la résistance de la matière couplée à la difficulté de la forme à y insuffler. Il n’y a pas de formules toutes faites pour tailler les différentes formes.
La pierre me renvoie tous les jours à mon ignorance.
Mais ce rapport ignorance/résistance est générateur de connaissance. Et cette connaissance a quelque chose d’universel
.


*L’ épannelage : C'est enlever de la matière par bandes régulières.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bonjour Men Nefer! Je me nomme par mon nom de blog Orange : Ramabro! Je suis une grande férrue de l'Egypte ancienne et je voit que sur votre blog il y a beaucoup d'image et de texte qui y font références!à bientôt bisoux ramabro