dimanche 28 mars 2010

Le Combat

L’opposition de deux combattants permet de créer une troisième voie exprimée par l’état dans lequel nous nous trouvons lorsque nous combattons.
A mon sens le combat révèle ce que nous sommes à l’intérieur, par la peur il exacerbe notre personnalité. Il est clair que j’ai connu la peur, la peur de prendre des coups, la peur de décevoir, la peur de perdre, et face à cet adversaire j’ai souvent eu envie de fuir mais sans vraiment savoir pourquoi je suis resté. Une énergie inconnue, un être différent est à ces moments là venu prendre ma place comme si je n’avais pas le choix. Je sentais que ma nature profonde prenait le pas sur ma conscience temporelle. Je dois dire que cette expérience peut paraître assez effrayante car c’est comme si nous n’avions plus de limite.
J’ai donc vécu une expérience extraordinaire où dominant la peur qui m’envahissait je me suis déconnecté en une fraction de seconde au monde dans lequel je vivais pour laisser la place à mon être intérieure qui s’est lui-même connecté à l’énergie de mon adversaire pour effectuer la technique juste entre le ciel et la terre et au moment juste au cœur du ki de l’adversaire.
Un vrai combat avec la peur au ventre comme le souligne l’expression ne nous laisse pas indifférent. Lors de ce type de combat nous traversons différents états que nous analysons après. Je serai tenté de comparer ces états à ceux que j’ai connus lors de mon initiation maçonnique. Une expérience vécue avec appréhension et durant laquelle j’ai traversé différents états qui ne m’ont pas laissés inchangés.
Ainsi par l’opposition de deux combattants un troisième est né en moi au fur et à mesure mon esprit s’est trouvé changé. Ces changements ont pu s’opérer en moi parce que l’unique adversaire que je croisais à chaque combat c’était moi, durant ces combats je ne pouvais plus tricher. Ignorant tout de mon être la peur m’envahissait dans les premiers temps mais les rencontres de plus en plus fréquentes avec mon être intérieur faisaient disparaître au fur et à mesure ces peurs primales.
Tout en affinant ma technique j’augmentais mon énergie primordiale (ki) et mes combats successifs me permettaient de mettre en pratique cette énergie et d’ainsi repousser plus en avant l’ignorance de mon être intérieur,
Au cours de mes années de pratique du karaté j’ai parcouru de zones inconnues de mon être, lorsque les entrainements sont poussés jusqu’à l’extrême et qu’il s’agit de ne pas flancher, des ressources internes viennent prendre le relai pour achever cette part de l’œuvre. L’abnégation demandée est très importante car à chaque entrainement effectué je ne savais dans quel état j’allais sortir… Je grossis un peu le trait mais je ne suis pas loin de la réalité. A chaque fois que je me présentais au dojo je savais que j’allais souffrir et qu’il allait falloir endurer des souffrances physiques mais si c’était le prix à payer pour persévérer dans la voie alors je le faisais.
Il est important de noter que cette abnégation s’effectuait dans un cadre rituelique appelé salut et qui se produisait en début et en fin de chaque cours.

Comme en maçonnerie la pratique s’opère dans un Temple que l’on nomme dojo. Mais l’entrée et la sortie dans ce Temple ne se fait pas sans un salut des lieux effectué par une inclinaison du buste comme si à chaque passage il fallait franchir une porte basse.
 
 
Publié par Patrick

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