mardi 7 janvier 2014

ADAM DIEU ROUGE aux Editions SIGNATURA



Il y a 72 ans, en pleine terreur nazie, paraissait aux Editions Niclaus, libraire-éditeur, 38, rue saint-Jacques, à Paris, un livre étrange, dont le titre ne l’était pas moins.
ADAM DIEU ROUGE
avec ce sous-titre explicatif : L’ésotérisme judéo-chrétien. La gnose et les Ophites. Lucifériens et Rose-Croix
Le voici réédité par les EDITIONS SIGNATURA
    Sur le plan littéraire, la publication d’Adam, dieu rouge marque le début de l’œuvre gnostique de Robert Ambelain. Le livre s’ouvre sur trois citations, dont celle-ci, extraite de la première Méditation de Descartes : " Il faut remettre toutes choses en doute une fois au moins en sa vie ". Or, les deux autres maximes sont tirées, respectivement, du Sepher ha-Zohar  et de l’Evangile selon Marc. Toute l’œuvre littéraire, toute la quête personnelle, occultiste et initiatique, de Robert Ambelain, tiennent dans ces trois citations, où d’aucuns ont cru voir des contradictions, alors qu’elles constituent en réalité les trois angles d’attaque de la réflexion permanente d’un initié rebelle et d’un historien contestataire, tel qu’il le revendiquait lui-même, qui fut avant tout un homme de désir épris de justice.
     Depuis les sept décennies qui nous séparent de la publication d’Adam, dieu rouge, notre connaissance du gnosticisme et, plus généralement, du judaïsme polymorphe, avant et après la naissance du christianisme, a considérablement progressé. Dans bien des domaines, elle a même été totalement bouleversée par les découvertes des manuscrits de Nag Hammadi, en 1945, et de Qumrân, entre 1947 et 1956. Dans ce livre qu’on s’honore aujourd’hui de sauver de l’oubli, Robert Ambelain nous en apprend sans doute moins sur la gnose, les Ophites, les Lucifériens et les Rose-Croix que sur sa propre pensée nourrie d’intuitions fulgurantes. N’est-ce pas là l’essentiel ?   
La gnose de Robert Ambelain était radicalement hérétique devant la Grande Eglise ; hérétique en 1941, comme en 1967, et au-delà. Car les gnostiques des premiers siècles sont les maîtres de Robert Ambelain, comme ils l’avaient été de Doinel et de Bricaud. Mais il enrôle aussi les Pères de l’Eglise, à commencer par Origène, parfois dans une interprétation très personnelle. Et aussi les Cathares, d’autant plus respectables à ses yeux qu’ils ont été martyrisés. Et aussi les templiers dont il croit percer et révéler le lourd secret qui serait la raison de leur anéantissement par le même pouvoir romain.
    Occultiste et gnostique à ses débuts, occultiste et gnostique à sa façon jusqu’à son dernier souffle, en dépit de maintes rectifications, Robert Ambelain fut l’homme d’une expérience spirituelle permanente, et d’une expérience qui ne se départit jamais de la prière. Croyant en Dieu, en sa perfection infinie, aux mondes intermédiaires entre Dieu, l’homme et l’Univers, défenseur du vrai Lucifer, le Robert Ambelain des dernières années, au fond, n’était pas différent du jeune occultiste qui avait publié Adam, dieu rouge, dans les années noires de l’Occupation. Mais la gnose de Robert Ambelain est une gnose secrète, comme était secrète son Eglise Gnostique, y compris parfois pour lui-même, y compris malgré lui, mais toujours dans la grâce agissante dont il a bénéficié, j’en suis convaincu, à titre personnel, et dont il s’est trouvé si souvent porteur et mainteneur, tel en cet Adam, dieu rouge.

Extrait de la préface de Serge Caillet  aux Editions Signatura.

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