samedi 19 septembre 2009

Magie et Religion



Conditionnée par la théologie Chrétienne, la pensée religieuse Européenne est hostile à l’égard de la magie, qui de nos jours est source de méfiance voire de diabolisation. Une Encyclopédie Catholique la définissait au début du XXème siècle, comme : "L’Art d’effectuer des actions dépassant les facultés de l’homme, avec des pouvoirs autres que le divin ; lourds péché contre la vertu de la religion, car toute entreprise magique engagée, est basée sur l’attente d’une interférence des démons ou des âmes perdues". Aussi, la magie s’est elle retournée vers les amuseurs publics perdant ainsi son caractère sacré.
Le mot magie est issu de "Magos" terme grec pour désigner les prêtres et prophètes itinérants venant de Mésopotamie. Il s’agit en fait d’une racine Indo Européenne issue de la langue Zend de l’ancien Iran "Magh" qui désignait les prêtres de la nature, les sages, et qui était toujours en relation avec la notion de sacré. Les Chaldéens usaient du mot "Maghdin" qui signifiait: sagesse élevée. La séparation actuelle de la magie et du sacrée vient d’une rupture avec le monde spirituel de jadis, intervenue à la suite de la fissure entre l’occultisme et la religion exotérique.
Avant l’époque Gréco Romaine et même pendant une bonne période de celle-ci, la vie religieuse et la magie n’étaient pas dissociées des pratiques. On entrait en contact avec l’au-delà et on se pliait aux expériences Initiatiques. La religion était magie.
On peut se demander si la venue des "Rois Mages" à la naissance du Christ n'est pas le symbole d’une époque qui devait laisser la place à une autre.
L’Egypte ancienne n’avait pas de mot pour désigner la religion, le terme le plus répandu était Héka qui comme Maât est une énergie divine incarnée et peut se traduire par magie. Heka Neter principe de la magie "père des dieux" et de tout ce qui devient manifeste était le pouvoir universel qui étayait tout ce qui existe que cela soit matériel ou spirituel.
Le rôle du magicien était de refaire sans cesse le monde, de le rétablir dans sa perfection première. La "première fois" étant le moment de perfection absolu.
Le principe Heka est le pouvoir sans limite de la divinité dont l’énergie se connecte à toutes les forces de l’univers. Le pouvoir du magicien sera donc de canaliser ces forces, en continuant sont rôle de lien entre le Haut et le Bas, par la mise en œuvres de rites et de formules efficaces.
Toutefois on peut reconnaître que toutes ces religions bien pensantes qui rejettent la magie dans les cadres suspects du marginal, ont à l’intérieur de leurs cadres, des pratiques d’exorcismes, de guérisons miraculeuses, de croyances envers des esprits invisibles etc…
Elles ont récupéré à leur profit, tout ce qu'elles pouvaient faire entrer dans le cadre du dogme, créant des ersatz ; telles les ailes des divinités féminines de l'Egypte ancienne, je pense ici à celles d'Isis, grandes légères protectrices, qu'on a plus tard retrouvées comme attributs des anges . Ces anges, intermédiaires entre l'homme et le divin dans lesquels se redéploie le rôle du magicien et de sa fonction.
*Photo: représentation du Neter Bes sur une stèle magique. Musée du Louvre

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