lundi 24 mars 2008

Lumière Cistercienne




Des Hommes se retirèrent dans la solitude et le silence, détournés du monde et de ses futilités. Ils pensaient franchir le pas, traverser l’écran des apparences et s’avancer dans le royaume sans limite de la lumière éblouissante. Cette communauté fondée sur le renoncement, le dépouillement, sur la réduction volontaire de tout détour inutile entre l’homme et le divin, conçut l’abbaye comme la préfiguration de la cité parfaite. La fonction symbolique de cet édifice explique le rôle primordial assigné à la lumière, celle-ci offre parmi tous les éléments de la nature crée, l’expression la plus convaincante de la proximité divine.
La lumière ici n’est pas triomphante de couleur, elle est admise avec mesure, elle doit rester telle que Dieu l’a faite, sans apprêt ni atours, dans sa splendide Nudité.
L’architecture Cistercienne, était parole discrète, profonde, dépassant anecdotes et figurations, signifiant en son plus secret la vérité par les seules perfections du métier, le verre comme tous les matériaux était seulement affiné, mis en formes harmonieuses. La présence de l’indicible se manifestait dans les rapports équilibrés entre l’opaque et le translucide, dans le tournoiement des rosaces où la lumière évoquait le perpétuel jaillissement de la grâce, invitant à méditer sur la double nature du Christ, sur la trinité, les dimensions du divin qui selon St Bernard sont quatre.

Il ne s'agit pas d'inventer mais de revenir à la pureté originelle et pour cela, de dénoncer les habitudes et les conceptions absentes de la Règle et forgées au cours des siècles. Le respect de la Règle a pour effet de fonder une nouvelle société à l'écart de la société séculière, un lieu de combat et de pénitence, un lieu où la communauté, solidaire et retranchée, n'a pour seule vocation que l'élévation personnelle de chacun. Le retrait cistercien est double : retrait du monde de la communauté mais aussi retrait vers l'intérieur du moine, là où se situe la vraie richesse qu'il faut s'attacher à embellir.
L’art de Cîteaux consiste à réduire sans cesse l'écart entre le spirituel et le temporel et, pour cela, à revenir à un passé idéalisé où le gouffre n'aurait été qu'une fissure.
La pureté des origines se manifeste là dans le dépouillement de la pierre, ornée de sa seule vibration, la lumière solaire réduite à sa plus simple expression, traverse le verre blanc et parsème d’ombres, piliers et dallages redessinant les ogives d’une ombre empreinte d’une pureté divine.

« Le Verbe est venu en moi, et souvent. Souvent, il est entré en moi, et parfois je ne me suis pas aperçu de son arrivée, mais j'ai perçu qu'il était là, et je me souviens de sa présence » (Saint Bernard).




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