samedi 4 avril 2009

Le Feu de Sekhmet



Sekhmet, une des divinités les plus difficiles à cerner.
Elle est l’héritage de choses extrêmement anciennes, qui viennent de la nuit des temps. C’est un félin, or en Afrique le lion est l’image des divinités Mères, les "grandes mères originelles".
Le nom de Sekhmet est directement tiré de la racine Sekhem : puissance maîtrise. Il ne peut se traduire autrement que par la puissante.

" J’ai saisi l’arc et déjà bandé la flèche. J’atteindrai les membres de quiconque commettra des actes sacrilèges autour des Temples d’Osiris".
Texte de la chapelle Osirienne de Dendera

Cette divinité lionne est la gardienne des lieux sacrés. Son sanctuaire le plus ancien est Rehesou, que les grecs nommeront plus tard Letopolis. On la vénérait comme la grande ancêtre par excellence, celle qui existait même avant Atoum Rê, dont elle porte le disque rougeoyant sur la tête. Elle est alors le réceptacle du potentiel négatif et positif de l’univers. Dans ce contexte précis, elle est figurée revêtue d’un large manteau enveloppant son corps. Lors du rituel d’intronisation du roi, il y avait un rite qui consistait à introduire dans la personne royale l’énergie de la furieuse, on réactualisait ainsi le mythe de la destruction de l’humanité, qu’on mettait en germe dans la personne royale, on lui accordait donc le droit de détruire l’humanité si il estimait que c’était nécessaire. Cela correspondait à l’aspect très énergétique du roi qui est un guerrier chargé de défendre sa tradition.
Au centre de bien des mythes comme celui de la déesse lointaine ou de la destruction de l’humanité par Rê Atoum, elle reste avant tout attachée à la personne royale, car elle réunit en elle toutes les puissances que le roi a le pouvoir de réguler sans les confondre : il ne s’agit de rien d’autre que du feu de l’Art Chimique qu’il faut réguler. Elle est parfois représentée comme sa mère.
"Le cœur du roi appartient à Sekhmet la grande.
Le cœur du roi est à Bastet
Le roi est aimé de Sekhmet
"
Texte de Ramses III à Medinet Habou.
Pour lui elle est :
Celle qui se repaît de sang, Maîtresse du massacre .
Celle dont la vue réduit toute chose en cendres .
Celle qui préside la place d’exécution, Maîtresse des terreurs .
Chargée d’éliminer tous les ennemis de la théocratie menaçant la sacralité du Double Royaume. Souveraine de l’Orient, Sekhmet correspond à tous les degrés de ce feu mis en œuvre pour obtenir la quintessence. Sur le roi, elle correspond à la ceinture et au pagne royal protecteur du sexe, image la plus évidente du feu chimique. Elle n’est pas figurée ici en lionne mais en une cohorte de cobras dressés. La lionne momifiée et ithyphallique du Temple de Khonsou à Karnak reprend cette thématique sur un mode plus hermétique, elle est ici l’androgyne.
Dans le contexte rituel, elle est la flamme de l’encens qui brûle afin d’élever le niveau vibratoire, on va donc saturer le lieu, de ce feu de Sekhmet afin de préserver les offrandes, de la contamination.
Comme la plupart des divinités égyptiennes, la lionne divine est investie d’un pouvoir ambigu et dangereux : elle peut donner la mort mais aussi guérir. Elle se déchaîne particulièrement pendant les "cinq jours épagomènes", moment de passage entre deux années , deux cycles. En magie, les lieux de passages sont dangereux, ce sont des lieux qui brûlent, il faut y passer pour être purifié, mais ne pas y rester. Les lieux de passage telles les tentes de momification, Ouabet étaient sous la dépendance de Sekhmet, qui protégeait le travail de purification du corps. Cependant sa colère peut éclater à tout moment. Elle est un aspect de ce qui tue pour animer. Sa puissance destructrice n’est pas un accident mais une nécessité. Elle détruit pour initier une vie nouvelle. Selon l’adage alchimique :" Tue le vif pour ressusciter le mort".
On dit alors qu’elle est l’aspect décomposant de Mout et la force de gestation de Bastet-Athor. Ceci fait d’elle l’esprit agissant des thérapeutes, des mystagogues et des alchimistes dont elle est le "Lion Verd et Rouge", dans l’alchimie occidentale.
On remarquera qu’elle ne tient jamais le sceptre Sekhem mais le sceptre Ouadj véhiculant des idées de verdeur, fraîcheur, jeunesse..
Le sceptre Ouadj apaise le feu de Sekhmet elle le rend rayonnant dans l’athanor, en rotation paisible. Elle est l’amante–aimant de Ptah(non la parèdre) qu’elle délivre de ses liens telluriques, ancrés dans le feu de la terre, il œuvre dans le sein de la matière terrestre en le consumant, et l’union du feu terrestre, permettra de canaliser , d’harmoniser le feu céleste en réduisant en cendres les liens de Phtah, afin qu’il devienne le Bénou-Phenix.
Les textes de Memphis disent qu’elle rend la flamme gigantesque. Flamme figurée par le grand serpent qu’elle tient quelquefois dans ses mains.

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